La mise en place d’un système d’évaluation des performances des communes pour la première fois en Tunisie et qui n’existe pas dans les autres pays du monde est une innovation qui signifie que l’on avance lentement mais sûrement. S’il y a des révisons à apporter au code des collectivités locales, c’est au Haut conseil des collectivités locales de le faire. Il faut plutôt changer les mentalités et les textes du code.
Beaucoup de travail a été accompli depuis l’adoption du code des collectivités locales, mais un long chemin reste à parcourir et il faut que les mentalités changent et s’adaptent aux nouvelles approches de la gestion des affaires locales. « La décentralisation est un processus irréversible et il faut s’armer de plus de patience et arrêter de s’auto-flageller », a fait savoir Mokhtar Hammami lors d’une rencontre avec les médias. S’expliquant sur les « dérives » de quelques maires, il lève toute équivoque et répond que la Tunisie est un Etat unitaire et non fédéral.
« On a besoin de plus de temps »
Le processus de la gouvernance locale prend du temps mais il est sur la bonne voie, a souligné le ministre des Affaires locales et de l’Environnement, Mokhtar Hammami, coupant ainsi court aux informations relayées par certaines parties et médias concernant les contre-performances des conseils municipaux.
Lors d’une conférence de presse consacrée aux résultats d’évaluation de performance des communes pour l’année 2018, tenue à Tunis, le ministre a présenté le programme de développement urbain et de la gouvernance locale et les importants acquis réalisés durant les quatre dernières années. Un programme dont le coût s’élève à 1.537 MD et touche 272 communes.
Aussi bien Mokhtar Hammami que d’autres intervenants relevant dudit ministère ont expliqué que la réussite de ce programme lors de sa mise en œuvre de 2015 à 2019 a encouragé son prolongement pour une période additionnelle de 2020 à 2022 avec un coût supplémentaire estimé à 476 MD et englobant les mêmes communes.
Il faut reconnaître que l’action des conseils municipaux selon la nouvelle approche inspirée du code des collectivités locales et qui repose sur la décentralisation, le principe de la libre administration, a besoin de plus de temps pour porter ses fruits, a fait savoir M. Hammami, tout en mettant l’accent sur l’importance de la mise en place durant l’année passée de la Haute instance des finances locales dont la mission consiste à examiner les questions relatives à la finance locale, sa modernisation et sa consolidation en vue d’assurer et de promouvoir l’autonomie financière des collectivités locales.
Un maire convoqué…
Répondant aux intervenants qui ont pointé du doigt le rendement de plusieurs communes, les dérives de certains maires dans le cadre de la libre administration et ont souligné l’insatisfaction des citoyens à l’égard des conseils municipaux, le ministre a mis en doute la crédibilité des résultats de certains sondages inhérents au taux d’insatisfaction des citoyens et a déclaré qu’il faut peut-être relativiser et ne pas brosser un tableau sombre en parlant de l’échec de cette nouvelle expérience en matière de gouvernance locale et qui est appelée à se consolider encore plus avec la mise en place dans les années à venir des conseils régionaux.
La mise en place d’un système d’évaluation des performances des communes pour la première fois en Tunisie et qui n’existe pas dans les autres pays du monde est une innovation qui signifie que nous avançons lentement mais sûrement. S’il y a des révisons à apporter au code des collectivités locales, c’est au Haut conseil des collectivités locales de le faire, mais je crois qu’il faut plutôt changer les mentalités et les textes de ce code, martèle-t-il.
« Pour certains maires qui se sont distingués par la prise de position en infraction avec les lois du pays, il convient de rappeler que la Tunisie est un Etat unitaire et non un Etat fédéral », fait savoir le ministre, répondant ainsi à une question relative à la création d’un fonds pour la zakat au sein du conseil municipal du Kram et les déclarations du maire de cette commune concernant son refus de conclure tout acte de mariage avec un non-musulman. « Ce maire a été convoqué au ministère et il a compris que ses déclarations en rapport avec le mariage avec le non-musulman n’étaient pas conformes avec les lois du pays. Pour le fonds de la zakat, je rappelle toujours que nous vivons dans pays unitaires régi par des lois et que les institutions de l’Etat ne peuvent tolérer des décisions unilatérales ».
Point fort de la rencontre, la remise des prix aux communes les plus performantes au titre de l’année 2018. C’est ainsi que la commune de Mahres a remporté le premier prix, suivie de celle de Bouarada. En troisième position, on retrouve les communes de Bouhjar, Lamta et Kondar. « Ce sont les petites communes qui réalisent les meilleures performances », commente Mokhtar Hammami ravi d’un bilan qu’il juge positif à la tête de ce département mais qui n’est pas partagé.